Le tutorat est plus qu'une simple transmission de connaissances. C’est une interaction entre tuteur et étudiant. Il faut y intégrer des questions qui appellent à la réflexion, ce qui n’est pas toujours évident. Comment faut-il donc poser de bonnes questions ? Comment mettre l'étudiant au défi intellectuellement ? Voici un guide pratique qui permet aux enseignants de poser des questions pertinentes sur le plan pédagogique.
Pourquoi poser des questions ?
Les psychologues du développement Vygotsky et Piaget notent que l’élève et l’enseignant entrent en interaction lorsqu’ils se posent des questions. Cette interaction est importante dans le cadre d'un cours particulier, car elle conduit à un "apprentissage très complexe (high complex learning)" pour l'élève. En pensant à voix haute, l'élève articulera sa propre pensée. Cela stimule le processus d'apprentissage. Laisser l'élève raisonner à voix haute et stimuler son autonomie est l'une des 7 caractéristiques d'un tuteur de première classe.
“Learners having to explain ideas to each other is useful because it encourages the development of a more explicit, organized, distanced kind of understanding” (Vygotsky)
Piaget souligne également l'importance de l'interaction. L'interaction au sein d'une orientation fait découvrir de nouvelles perspectives. Un interaction, bien sûr, ne se produit pas spontanément. Afin de promouvoir des conversations de qualité, il faut poser des questions de manière appropriée. Mais comment s’y prendre? Nous venons à la rescousse !
Types de questions
Pour arriver à une bonne question, réfléchissez d'abord au type de question que vous voulez poser. Saviez-vous qu'il n'y a pas moins de cinq questions différentes ?
- En posant des questions, vous pouvez évoquer et activer les connaissances préalables de l'étudiant. Des questions axées sur les propres expériences permettent d'ancrer plus rapidement les connaissances de l'étudiant.
Par exemple : "Tu sais ça comment ?", "As-tu de l'expérience dans ce domaine ?" ou "Est-ce que cela te dit quelque chose ?” - Vous pouvez également provoquer la réaction de l'étudiant :
“Tu me suis toujours ?" "Es-tu d'accord ?” - Pour vérifier la compréhension de l'élève, posez une question ouverte. Vous obligez ainsi l'étudiant à réfléchir davantage sur le sujet. “Quel est le but ?” "Qui est l'inventeur ?" "Pourquoi fait-il cela ?” Vous pouvez également tester la compréhension de l'étudiant en lui posant une question d'application telle que "Comment peux-tu appliquer cela ?”
- Afin de stimuler une réflexion plus approfondie chez l'étudiant, vous pouvez lui poser des questions hypothétiques. “Est-ce que cela s'applique à... ?", "Quels sont les avantages et les inconvénients ?", "Qu'arriverait-il si... ?", “Peux-tu reformuler ?” Par ces questions, l'élève doit réfléchir plus en détail. Ainsi, son imagination est stimulée.
- Vous pouvez poser des questions pour faire une brève évaluation. Les questions d'évaluation portent sur certaines valeurs, normes et choix. Par exemple : "Que penses-tu de cela ?", "Quel sentiment cela évoque-t-il ?", "Est-ce exact ?”
Des informations complémentaires sur les types de questions peuvent être trouvées dans la taxonomie de Bloom. Selon Bloom, il est possible de tester 6 niveaux de connaissance de l'élève en posant les bonnes questions.
Poser des questions : modalités concrètes pour un tuteur
Assurez-vous d’avoir créé un environnement d'apprentissage rassurant et stimulant. Pour ce faire, vous devez établir une bonne relation de confiance avec l'étudiant. Veillez à ce que l'étudiant sache ce qui est attendu de lui et qu'il n'ait pas peur de commettre des erreurs.
Quelques conseils pratiques :
- Variez vos questions. Alterner entre les types de questions énumérés ci-dessus.
- Allez au-delà de la simple recherche de faits. Renseignez-vous sur le raisonnement de l'élève, demandez-lui son opinion ou assurez-vous qu'il doit réfléchir au lieu de se contenter de ruminer.
- Encouragez l'élaboration en demandant régulièrement à l'étudiant de résumer le sujet.
- Évitez toute confusion en posant des questions claires. Évitez les imprécisions ou les généralisations.
- Osez aussi poser des questions difficiles. En faisant réfléchir l'élève, vous stimulez la conscience de soi.
- Préparez quelques questions à l'avance. Pensez au moment où vous pouvez poser la question.
- Posez régulièrement une question. De cette façon, vous maintenez l'attention de l'étudiant et vous pouvez vérifier s'il est à jour dans sa matière.
Quoique la formulation de questions soit éducative, il est préférable d'éviter les questions suivantes :
- Questions suggestives : questions dans lesquelles vous suggérez déjà l'opinion de l'étudiant dans la question. Par exemple : "Tu n'aimes certainement pas... ?”
- Questions fermées oui/non. Cela ne réveille pas la conversation et ne met pas l'élève au défi. Par exemple : "Trouves-tu cela difficile ?
- Questions multiples : ne posez pas de questions complexes dans lesquelles vous posez en fait plusieurs questions. Par exemple : "En quelle année est mort Staline et qu'est-ce que cela impliquait pour les puissances occidentales ?”
Tout aussi important : réagir
Lorsque l'étudiant répond à votre question, c'est bien sûr l'intention que vous y réagissez. Exprimez votre estime à l'élève, mais n'exagérez pas. Après tout, l'implication de l'élève peut être inhibée si vous signalez de manière très enthousiaste que la réponse est correcte et que l'élève fait un bon travail.
Mais que se passe-t-il si l'étudiant ne connaît pas immédiatement la réponse ?
- Gardez le silence pour que l'élève puisse réfléchir plus longtemps.
- Posez la question d'une manière différente.
- Faites participer un autre élève.
- Essayez de raisonner avec lui à voix haute. De cette façon, vous augmentez la réflexion de l'élève. Vous pouvez discuter ensemble de la bonne réponse ou vous pouvez donner de mauvaises réponses. Ainsi, vous arriverez ensemble à la bonne réponse.
En fonction du sujet de la leçon et de l'élève, certains types de questions auront plus d'effet que d'autres. Préparez un certain nombre de bonnes questions à l'avance, afin de gagner du temps pendant le tutorat même. Bonne chance !
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